Les champignons thérapeutiques du Dr Bruno Donatini
Médecin gastro-entérologue, cancérologue, ostéopathe, le Dr Bruno Donatini se fait connaître grâce à ses recherches en mycothérapie. Passionné par le traitement par les champignons, des années de travail lui permettent de mettre au point une nouvelle stratégie thérapeutique dans la prise en charge de différentes pathologies. C’est au cours d’un entretien exclusif qu’il nous confie le pouvoir étonnant de ses champignons.
Comment a débuté cette aventure des champignons thérapeutiques ?
Bruno Donatini : Ca fait déjà vingt ans, c’était en août 1994. Je faisais une sorte de synthèse des propriétés des aliments et en particulier des légumes. On savait déjà que les légumes étaient bons pour la santé. Je me suis alors posé la question des champignons car j’en raffolais. Je voulais savoir, en tant que légumes, s’ils étaient bénéfiques. Après une recherche bibliographique, je suis tombé du ciel. Il y avait des centaines d’articles intéressants sur une quinzaine de champignons cultivables. Ma première étape a été de cultiver ces champignons sur des rondins de bois. J’ai tenté de me procurer les champignons à l’étranger. Malheureusement ils venaient essentiellement d’Asie et j’ai constaté qu’ils contenaient beaucoup d’arsenic et de Cadmium. Donc ce fut la fin de l’aventure jusqu’à ce que je rencontre, une année plus tard, le laboratoire Mycélia, en Belgique. Il a accepté de cultiver les champignons sur écorces et l’aventure débutait.
Ce ne sont pas n’importe quels champignons ?
Bruno Donatini : Ils sont effectivement particuliers. Il en existe une dizaine de variétés. Pour éviter des cultures complexes nous sommes parvenus à cultiver des mycélias, c’est-à-dire des blancs de champignon qui ont les mêmes propriétés et sont riches en polyphénol. J’ai reproduit ce qui se fait dans la nature en l’amplifiant par des écorces riches en bactéries, en mycélium et considérées comme un légume. Petit à petit j’ai pu montrer l’intérêt des champignons sur écorces contre les virus, mais aussi pour l’équilibre de la flore intestinale. Son déséquilibre est source d’inflammation hépatique. L’aventure a débuté en 1994 avec une première attitude assez agricultrice. Puis on est arrivé à des aliments qui deviennent des « super légumes ».
Comment se présente ces champignons ?
Bruno Donatini : Le blanc de champignon sur écorce peut être utilisé à l’état brut. On peut le sécher, puis le broyer pour en faire une sorte d’épice. Chaque champignon a sa saveur, certains sont plutôt sucrés, d’autre plus épicés, voire un peu acides. Chaque champignon donne une saveur à des écorces mères qui sont toutes identiques. Ils se présentent sous forme de poudre quand on veut les consommer.
On les consomme comme des compléments alimentaires ou on les cuisine ?
Bruno Donatini : On peut les cuisiner, les déposer dans la bouche, ou les prendre sous forme de gélules. Le mot « complément alimentaire » a été quelque peu galvaudé. La définition officielle étant « produit alimentaire dans lequel sont rajoutés des vitamines et des minéraux artificiels ». Si vous n’avez ni vitamines, ni minéraux artificiels, vous ne pouvez pas utiliser le terme « complément alimentaire ». Dans le cas des champignons, il s’agit véritablement d’aliments.
Quelles sont les propriétés de ces champignons ?
Bruno Donatini : Chacun des champignons a bien sûr des propriétés très différentes. Mais le socle commun c’est la stimulation immunitaire avec un rôle antiviral et anti-cancéreux. C’est un fait qui a été démontré par une bibliographie très riche. L’autre grande propriété joue sur des enzymes digestives pour, par exemple, bloquer les lipases et diminuer la perméabilité digestive. C’est le cas du Laetiporus qui présente un intérêt dans les cas de dysbiose (altération de l’équilibre normal de la flore bactérienne intestinale) et l’inflammation intestinale. Il y a des champignons qui vont libérer la graisse du foie comme le pleurote ou le Maïtaké. Ils vont servir à la minceur ou à la baisse de l’inflammation hépatique. Un autre préserve la motricité du tube digestif et va stimuler les fibres des nerfs périphériques et ainsi améliorer l’épaisseur de la muqueuse intestinale.
Comment arrive-t-on à ce type de traitement ?
Bruno Donatini : Tous ceux qui sont concernés par une alimentation équilibrée vont être intéressés par les champignons de la même manière qu’ils sont intéressés par les légumes. Nous savons parfaitement que le polyphénol est une clef de la santé au même titre que l’oméga 3. Nous allons donc chercher à optimiser son apport et son absorption. C’est là que le champignon devient incontournable car c’est lui qui va réguler la muqueuse.
Pourtant, si je vous comprends bien, ce sont justement les personnes qui subissent déjà une mauvaise alimentation qui devraient bénéficier plus encore de ces champignons. Qu’est ce qui fait que ce n’est pas le cas ? C’est une mauvaise information?
Bruno Donatini : Je pense qu’il y a une sensibilité croissante et une volonté de mieux vivre. Ce n’est plus le repas gras et arrosé, au contraire, c’est la détente. C’est le retour à la nature et à une absence de douleur. Il y a là une véritable recherche de qualité. On ne va pas chercher ceux qui ne font pas la démarche de s’informer.
Et vous avez le sentiment que l’on est de plus en plus nombreux à faire cette démarche ?
Bruno Donatini : A l’évidence ! De plus en plus, la première démarche d’une personne qui se sent fatiguée ne sera pas de consulter, mais de reprendre le sport et de manger mieux. Ils vont rechercher des informations sur ce point. Le médicament représente de moins en moins l’astuce miracle. Le médecin est hors-jeu dans ce cas. Il n’a pas le temps d’écoute et il reste, le plus souvent, beaucoup trop technique.
Les champignons que vous conseillez ne sont pas que des champignons, ils se composent d’un mélange ?
Bruno Donatini : Il y a trois volets. Le champignon pur qui aura son action antivirale. Il existe des mélanges avec des huiles essentielles pour baisser une flore intestinale excessive, mais dans ce cas c’est plutôt synergique. Enfin il peut y avoir un rajout de plantes qui drainent le foie. Un foie de qualité est primordial.
Peut-on considérer que l’estomac et le foie sont des points stratégiques en matière de santé ?
Bruno Donatini : Tout à fait ! Vous avez la partie haute, la bouche qui doit être parfaitement propre. Elle forme une unité avec l’estomac. Le foie subit les contres coups de ces bactéries qui contaminent la bouche et l’estomac. La seconde partie stratégique c’est l’iléon qui est la partie terminale de l’intestin grêle qui sera contaminé si le foie est défaillant.
C’est un remède avant tout préventif ?
Bruno Donatini : Oui, mais cela peut tout aussi être utilisé face à un problème en cours. Dans ce cas, le traitement va aider le changement du statut et aider l’immunité. Ça peut, par exemple complémenter une chimiothérapie et aider à mieux la tolérer.
Vous parliez d’alimentation, quelle serait l’alimentation la plus juste à associer avec les champignons ?
Bruno Donatini : C’est une alimentation qui ne fermente pas. C’est une alimentation pauvre en Oligo fructosides. Il existe une liste officielle de ces aliments qui ont tendance à ballonner. Ce sont souvent des régimes alimentaires pauvres en gluten, pauvre en lactose et avec une sélection de fruits qui fermentent peu et des légumes bien blanchis ou vitalisés à la vapeur. Il faut éliminer les Fodmas (glucides généralement trouvés dans l'alimentation occidentale) par une cuisson appropriée.
Peut-on dire que vous êtes le père de cette thérapeutique-là ?
Bruno Donatini : du mycélium sur écorce, oui, indéniablement.
Quel regard la médecine traditionnelle porte-t-elle sur cette approche ?
Bruno Donatini : Elle est devenue monopolistique. Elle refuse, officiellement, toutes allégations. Le fait que l’aliment puisse être bénéfique n’est nié par personne. Le principal reste de prendre des précautions et de respecter la réglementation. Ensuite sera-t-elle intégrée officiellement dans la prise en charge des personnes ? Absolument pas. En France ce n’est ni dans le court, ni dans le moyen terme. Certains pays ont accepté la naturopathie comme le Portugal, par exemple.
Donc en résumé, bouche propre, alimentation saine, sport et champignons. Y’a-t-il d’autres conseils à apporter ?
Bruno Donatini : Je conseille toujours l’hyperthermie, pratiquer du sport couvert en situation chaude ou du sauna et bien entretenir sa peau. La piscine est un lieu rempli de virus et de bactéries où l’on attrape froid et où il est difficile de vider son estomac puisqu’on est en position allongée.